Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fȇtes
Année C - XXVII Ordinaire (Lc 16, 17, 5-10)
par André De Vico, prêtre
correction française: merci à mes amis
“Les Apôtres dirent au Seigneur: ‘Augmente en nous la foi!’ Le Seigneur répondit: ‘Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici: ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi”
Face aux apôtres qui demandent “plus de foi”, Jésus répond d’une manière inattendue, avec une parabole agaçante. On dirait même qu’il se moque d’eux: “ah, comment, vous avez la foi?” “et vous voulez également l’augmenter?” “si vous en aviez un tout petit grain, vous soulèveriez les montagnes!” Puis il parle d’un étrange patron difficile qui ne laisse jamais un moment de répit à son serviteur, même après une dense journée de travail. Il ne lui dit pas: “assieds-toi et mange”, mais: “prépare-moi le diner, et dès que je me serai rassasié, tu mangeras”. Nous avons là l’image d’une société violente, injuste, tyrannique.
À première vue, il semble que Jésus présente Dieu comme un patron dur et exigeant. En réalité, avec cette parabole du patron difficile à satisfaire, Jésus n’est pas en train de dire comment Dieu traite l’homme, mais comment doit être le comportement de l’homme envers Dieu: d’une disponibilité totale et inconditionnée. En fait il prend l’exemple d’un serviteur qui travaille jusqu’au soir sans rien prétendre, sans même dire: “j’ai fini, je ferme le magasin et je m’en vais”. Dans le discours de Jésus, il n’est pas possible de servir le Royaume de Dieu avec l’attitude du salarié: un certain travail pour un certain salaire.
Il semble bien que Jésus fasse de l’ironie, quand les apôtres demandent cette “augmentation” de foi, comme une augmentation de salaire. Avec la mini-parabole du patron difficile qui exige un serviteur à tout moment disponible, à sa manière Jésus réponds à la requête: “veuillez ne pas exagérer, soyez comme ce serviteur à la fin de sa journée” “toi qui voudrais avoir ‘plus de foi’, laisse tomber l’augmentation et contente-toi de faire ton travail, en disant: je suis un simple serviteur, j’ai fait ce que j’avais à faire’”.
Il est bien étrange qu’aujourd’hui nous n’avons pas encore compris cela, et encore nous nous engageons à prier avec les mêmes paroles des apôtres, pour une “augmentation” de la foi, comme si c’était une raison de fierté face à Dieu. Parfois nous débutons nos réunions d’Église ou nos prières universelles par la même formule qui a fait rougir les apôtres: “Seigneur, augmente en nous la foi!” On voit bien que nous n’avons pas saisi la subtilité, et nous prions contre nos propres intérêts.
Notre erreur consiste à échanger la foi avec notre sentiment: je fais une forte expérience de spiritualité et de conversion, et ce serait la foi. Pour d’autres, la foi se retrouve dans la finesse et la profondeur d’une étude théologique: les pensées que je fais “sur” Dieu, petit à petit deviennent des pensées “de” Dieu, et c’est ainsi que ma parole devient divine!
Imaginons que Dieu nous prenne au sérieux et nous accorde l’augmentation souhaitée: qu’allons nous donc faire? Nous nous donnerons avec plus de ferveur aux œuvres de charité? Ou bien nous allons nous mettre sur un pied de compétition pour mesurer et comparer la température de notre sainteté?
L’envie d’avoir “plus de foi” nous ramène à ces gens qui, excitées par un peu crédible souhait de sainteté, cherchent l’orgasme religieux. Ils voudraient “croire plus”, c’est vrai, mais dans le but de “jouir plus”. Dans la nature, on le sait bien, les envies d’amour doivent être nécessairement signalés aux congénères, comme les cerfs dans la belle saison le font, pour dire: “femelles, venez ici, je suis un mâle mature, fort et beaux! et vous les autres mâles, gare à vous et restez loin!” Que le Créateur soit béni, d’avoir donné aux êtres l’instinct de la reproduction, mais dans le domaine des affections humaines cette envie religieuse inspire chez des gens une détestable tendance à s’estimer mieux que les autres.
C’est pour cela que Jésus nous retient, comme il l’a fait avec les apôtres: “soyez tranquilles, ne demandez pas trop, tenez-vous occupés, gardez le status du serviteur: il est mieux pour vous!” “Laissez tomber ce prétentieux désir d’‘avoir plus’ et cherchez à ‘faire mieux!’” “L’augmentation de la foi ne vous convient pas: elle est dangereuse”.
Dans nos prières, il serait donc plus raisonnable de nous limiter à demander “la foi”, et c’est tout. Du reste, c’est exactement ce que nous avons fait au moment de notre baptême: nous avons demandé “la foi”, d’être “dans la foi”, de grandir “dans la foi”. Au lieu d’en demander stupidement une “augmentation”, il serait mieux d’abaisser la barre de niveau du service. Le Royaume de Dieu fonctionne à ce niveau-là. La foi est comme le Royaume: il échappe à tout critère de mesure, ou il y a, ou il n’est pas!
Amen
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