Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fȇtes
Année C - XVII Ordinaire (Lc 11, 1-13)
par André De Vico, prêtre
correction française: merci à mes amis
“Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda: ‘Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples’ ”
L’exemple de Jésus suscite chez ses disciples le désir prier. Dans le “Notre Père” nous retrouvons les pensées les plus intimes, les idées les plus importantes, les thèmes les plus urgents de sa prédication: les intérêts du Royaume! Cette petite prière, “sans excès de paroles” (Mt 6, 7) représente le résumé de l’Évangile! Pour nous aussi il serait heureux que notre prière ressemble à celle de Jésus. Plus la prière chrétienne s’approche de son modèle et plus elle sera une vraie prière.
Le catéchisme que nous avons appris nous amène à penser que Jésus, avec le “Notre Père”, a inventé une formule fixe à transmettre telle quelle. D’autres restent stupéfaits en sachant que le “Notre Père” de Luc (que nous venons d’écouter ce dimanche) représente une simple variante du “Notre Père” de Mathieu (celle que nous connaissons bien depuis notre enfance). D’ailleurs, quand Luc écrivait, dans la communauté primitive des chrétiens il n’y avait pas de formule fixe pour prier. Avec ce “brouillon” de prière, Jésus ne voulait pas transmettre des “paroles” très précises à dire, mais il a voulu nous indiquer la meilleure “attitude” pour nous adresser à Dieu. L’attitude est bien plus importante que les paroles. En conséquence, il n’est pas nécessaire de prier “à la manière des païens”: “j’ai besoin… donne moi…” Dieu sait déjà ce dont nous avons besoin, il nous les accorde avant même notre demande, il n’y a pas besoin d’aller le lui dire.
Il est encore moins nécessaire avec Dieu de forcer les paroles à la manière d’un guérisseur ou d’une voyante ensorceleuse qui associe l’efficacité de son artifice à l’exactitude des formules prononcées. Par exemple, il est fort improbable que les “prières” pour retirer un sort ou un mauvais œil soient de vraies prières. Il s’agit plutôt d’une perversion du rapport avec Dieu, une tentative de le manipuler. Il vaut mieux garder son malaise et attendre qu’il s’en aille tout seul.
Dans le “Notre Père” il y a un passage qui pose problème. La traduction française dit: “et ne nous laisse pas entrer en tentation”. Dans le langage courant, quand on parle de “tentation”, on pense à l’action diabolique et aux conséquences de l’enfer. Est-il possible que Dieu nous “pousse” à la tentation? Pour contourner la difficulté nous élaborons un escamotage en disant que Dieu “permets” la tentation. La vraie question n’est pas là. Le mot “tentation”, en Luc, signifie trois choses:
a) celle de Jésus dans le désert (ici, il est bien vrai qu’on y retrouve l’action diabolique);
b) la tentation messianique (la confusion entre la religion du salut et la libération politique);
c) les tentations de la première communauté face à un monde hostile (les persécutions et les épreuves historiques).
Il devient donc évident que Luc, dans sa version du “Notre Père”, se rapporte aux tentations de l’Église, aux oppositions qu’elle expérimente de la part des adversaires. C’est très actuel! Dans la Cène, Jésus a prié pour ses disciples, afin qu’ils ne succombent pas face au monde. Les vrais disciples ne peuvent pas réussir tout seuls, mais ils ont besoin d’une aide bien plus grande. D’où la meilleure traduction de ce texte: “ne nous abandonne pas à la tentation”. In ne s’agit pas d’éviter les épreuves, mais de recevoir la Force pour les surmonter! La prière du disciple doit avoir le même ton et la même confiance de Jésus qui s’adresse à Dieu en l’appelant: “Père!”
Amen
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