Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fȇtes
Année C - Pentecȏte (Jn 14, 15-16.23b-26)
par André De Vico, prêtre
correction française: merci à mes amis
“Aujourd’hui, Seigneur, par le mystère de la Pentecôte, tu sanctifies ton Église … continue dans le cœur des croyants l’œuvre d’amour que tu as entreprise au début de la prédication évangélique” (Oraison)
Entre les merveilles de la Pentecôte qui continuent aujourd’hui, dans un temps de crise et d’intolérables scandales, il y a le fait que l’Église a encore le courage de rester debout et d’avancer, tout en regardant vers le Seigneur qui vient. La Liturgie chrétienne existe à cause de ce cri: l’Esprit et l’Épouse disent: “Viens”, et le Seigneur répond: “Oui, je viens sans tarder”.
Historiquement, le bâtiment qui répond le mieux à cette attente christologique est en forme de croix, éventuellement orienté vers l’est. L’assemblée liturgique ancienne, qui se rencontrait entre les persécutions et les tempêtes de l’histoire, savait diriger son regard “vers le Seigneur qui vient”, bien accroché au “lignum” (bois, barque) de la Croix. Le Moyen âge, voulant adapter les nouvelles bâtisses au contexte urbain, ne pouvant pas conserver l’ancienne direction, symbolisait l’Orient par une grande Croix qui s’élève majestueuse sur l’autel, on en voit encore aujourd’hui. A l’époque baroque, avec la naissance des grandes monarchies nationales, les Églises ont pris une apparence de “salle de trône” en fonction du culte de l’Eucharistie, conservée dans le tabernacle, centre focal de l’édifice. Jésus Eucharistie Lui est le Roi vers lequel nous devons diriger notre regard! Après la réforme de Vatican II (1962-1965) un faux problème théologique est crée: si nous attendons le Seigneur qui vient à la fin des temps, quel est le sens de le mettre dans un Tabernacle aujourd’hui? Un conflit s’est crée entre la venue glorieuse du Christ et sa présence réelle: suivant l’esprit démocratique des temps modernes, nous avons détrôné les trônes et transféré les Tabernacles dans les chapelles latérales. Les autels splendides adossé au murs, vidés de leur fonction, ont été réduits à être des porte-chandeliers ou des porte-vases, ou à servir de fond prestigieux pour les photos et les cérémonies des privés. En réalité, il n’est pas tout à fait faux de célébrer devant le Tabernacle: ceci est l’Eucharistie qui est consommée “dans l’attente de sa venue”.
En tout cas, que l’Église se tourne vers l’Orient (antiquité), ou vers la Croix (moyen âge), ou vers le Tabernacle (époque moderne), tous regardent en direction du Seigneur qui vient. Toutes ces choses qui changent - sans aucun doute il y aura d’autres changements - signifient que l’architecture liturgique à elle seule n’est pas en mesure d’orienter parfaitement la prière, une fois pour toutes. La venue du Christ n’est pas une donnée précise et maîtrisable comme la direction de La Mecque ou du Temple de Jérusalem. L’édifice reste toujours un édifice, il peut aider la foi, il peut exprimer la foi, mais il ne coïncide pas avec la foi. Nous devrions apprendre à accepter cette limite: la direction de la prière ne trouve jamais ... de paix! On dirait qu’au moment où l’Église, comme une épouse stupide, s’assoit sur ses belles architectures en attente de son époux, au lieu de le chercher, est secouée dans ses fondements justement à cause de la posture idéale qu’elle croit avoir atteinte.
Une Cathédrale qui brûle est un signe prophétique. C’est l’Esprit qui relance “un ordre de marche”, qui nous rappelle le service des autres “à partir des pieds”, selon le mandat du Maître. C’est l’Esprit qui invite la communauté à “guetter les pas” de Celui qui doit venir, comme l’épouse du Cantique. Les médias qui ne lisent que la surface de l’histoire mettent en évidence les propos intéressés de la présidence et les scandaleuses offrandes des sociétés multinationales. Si notre intérêt de chrétien ne se limite qu’à ça, la Cathédrale peut finir de s’effondrer, comme le Temple d’Artémis d’Éphèse, brûlé au mois de juillet du 356 av. JC par un mythomane qui rȇvait d’entrer dans l’historie, et le Temple de Jérusalem, détruit par le feu de Tite au mois d’aoȗt de l’année 70.
Le Maître l’avait annoncé: “… il n’en restera pas pierre sur pierre: tout sera détruit” (Lc 21, 6), et nous pouvons continuer à vivre sans elles. Si, au contraire, chacun participe dans la mesure de ses possibilités, des cathédrales nous en reconstruirons cent, et elles seront toutes des monuments de prière en mouvement, rien à voir avec la stupidité des touristes qui vont le nez en l’air sans trop savoir où tout cela les mène!
Les merveilles de la Pentecôte qui continuent encore aujourd’hui, et l’Église poursuit son chemin “… en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets, et l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur”. C’est l’Esprit qui maintient cette épouse attentive, et l’empêche de devenir une Église installée, sédentaire! Malheur à nous si nous nous entêtons dans nos traditions ou nous endormons sur nos liturgies! Avez-vous jamais vu une épouse qui s’endort sur la route? Gardons le cap: la meilleure direction de notre prière n’est pas d’ordre cosmologique-architectural, qui reste quand même utile, mais elle est intérieure, elle nous est donnée par l’Esprit!
Amen
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