POURQUOI REGARDER VERS LE CIEL?

Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fȇtes

Année C - Ascension (Ac 1, 1-11)                                                                

par André De Vico, prêtre

correction française : merci à mes amis    

 

 

      “Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel”

 

      Jésus nous a appris à prier: “Notre Père qui es aux cieux …” Dans le Credo nous disons que Jésus “ressuscita le troisième jour …, et il monta au ciel: il est assis à la droite du Père”. C’est quoi ce “ciel”, cet “être enlevé au ciel”, cette “droite ?” Est-ce une fable, un mythe, une façon de définir un lieu réel? L’ancienne cosmologie divisait le monde en trois étages: “le ciel”, siège des divinités et des êtres célestes; “la terre”, le lieu où les hommes mènent leurs affaires; et “les enfers”, royaume des morts et des divinités chtoniennes. Avec l’avènement de la science moderne ce schéma fut dépassé et nous avons constaté que le ciel n’est qu’un espace qui abrite la terre, le soleil, la voie lactée et des milliards de milliards d’autres galaxies. En outre, en dehors du champ gravitationnel terrestre, cela n’a aucun sens de parler de “haut” “bas” “droite” “gauche”. Toute représentation spatiale est relative. Où sont donc passé les anges, les morts, les esprits célestes?     

 

      Un grand scientifique de notre temps - il s’appelait Stephen et était sur une chaise roulante - nous explique le paradoxe des “représentations du monde”. Il raconte qu’au cours d’une conférence il parlait de la rotation de la terre autour du soleil, et du soleil qui tourne autour du centre de la galaxie. Une vieille dame, du fond de la salle, se leva et protesta: “Ce que vous dites ne sont que des histoires. Le monde est plat et il s’appuie sur la coquille d’une tortue géante”. Notre scientifique répliqua: “Et cette tortue, où est-ce que s’appuie?” Et celle-là: “Jeune homme, vous êtes bien perspicace. Sur une autre tortue plus bas, vous ne trouvez-pas?” Cette petite dame courageuse et sympathique estimait que l’univers était une tour infinie composé par des gigantesques coquilles de tortues empilées les unes sur les autres. Pour elle c’était évident! (1) Notre scientifique, en plus athée, nous explique:

 

      “Exactement comme l’immense tour de tortues empilées qui supportent une terre plate est une représentation du monde, la théorie des super-cordes [entre les dernières théories scientifiques d’aujourd’hui] en est une autre. Les deux sont des théories de l’univers, bien que la dernière soit plus mathématique et plus précise que la précédente. Les deux manquent des preuves de l’observation: personne n’a jamais vu une tortue géante avec la plateforme terrestre sur son dos, et en même temps personne n’a jamais vu une super-corde … si jamais nous nous découvririons une théorie complète, celle-ci un jour devrait être compréhensible à tous, dans ses grandes lignes, et non par un petit groupe de scientifiques seulement. Alors tous, philosophes, scientifiques et même les gens ordinaires, auront la capacité de participer aux discussions pour savoir pourquoi l’univers existe, et pourquoi nous existons. Trouver la réponse de cette question, serait le triomphe ultime de la raison humaine, et à ce moment-là nous connaîtrions la pensée de Dieu” (2)       

 

      Dans le film “Contact” il y a une petite fille qui cherche un signal de vie intelligente dans l’univers. Elle avait perdu sa maman à sa naissance, et à neuf ans elle se demande s’il est possible de communiquer avec elle. Son père lui dit que non, même avec la radio la plus puissante. La question est de nouveau posée par la petite: sommes-nous seuls dans l’univers? Si oui, quel gaspillage  d’espace! Le père meurt aussi, et elle le cherche en regardant dans la même direction, mais le ciel reste muet. Plus tard cette petite fille devient une brillante scientifique, mais son propos reste toujours le même: détecter un signal de vie intelligente dans l’univers, pour savoir si nous sommes seuls. Après de nombreuses années de recherche, enfin un signal vient de l’étoile Vega, avec des instructions pour construire une machine à voyager instantanément dans l’espace.     

 

      Ainsi réalise-t-elle son rêve d’enfance: établir un “contact” avec une intelligence “autre”, qui sur ce système stellaire se présente sous l’aspect de la personne la plus chère: son papa défunt, dans le fantastique paysage de son enfance. Elle est consciente qu’il s’agit d’une “reconstruction” de la part de l’intelligence alien, qui a sondé ses pensées plus profondes pour pouvoir entrer en communication avec elle. Cet être intelligent d’un autre monde, l’ayant connue, exprime son idée de l’humanité:   

 

      “Vous êtes une espèce intéressante, un mélange intéressant, vous êtes capables de faire de si beaux rêves et de si horribles cauchemars … Vous vous sentez si perdus, si isolés et si seuls, mais  vous ne l’êtes pas. Tu vois, dans toutes nos recherches, la seule chose que nous avons trouvé qui rend la vie supportable, c’est l’autre” (3).  

 

      L’effet est sublime. La scientifique qui dès son enfance se questionne sur d’autres mondes habités et sur d’autres êtres intelligents, au moment de la rencontre, est renvoyé sur terre, là d’où elle était venue, avec l’invitation à chercher dans “l’autre” être humain, son semblable, ce qu’elle recherchait ailleurs, “dans le ciel”.  

 

      Il nous semble voir le même avertissement dans les paroles que l’ange adresse aux apôtres, une sorte de reproche voilé: “ne restez pas là, regarder le ciel le nez en l’air! Allez, continuez sa mission, portez son évangile, améliorez la terre, dans l’attente de son retour!” Cela signifie que nous devons vivre le temps présent, là où nous avons une tâche à accomplir, et travailler pour l’avènement du royaume. Aussi longue que l’attente puisse sembler, le temps est si court !

 

      (1) Cf. Stephen Hawking, “Une brève histoire du temps”, Flammarion 1989, pag. 13

(2) Ib. pp. 205; 210

(3) “Contact”, 1997 Warner Bros, 1.59.00      

                                                                                                                 

Télécharger
Télécharger l'ensemble de la réflexion
C-Pas-07 - PourquoiRegarderVersLeCiel.pd
Document Adobe Acrobat 93.0 KB