Année A - XV Ordinaire (Mt 13, 1-23) Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes
par Andrea De Vico, prêtre
correction française: Nicolas Donzé, toxicologue;
Anne Mayoraz, éducatrice
“Il leur dit beaucoup de choses en paraboles: ‘Voici que le semeur est sorti pour semer. Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin … Celui qui a des oreilles, qu’il entende!’ ”
A l’époque de nos grands-parents, la semence coûtait cher, c’était la chose la plus précieuse au monde, elle était gardée avec beaucoup d’attention parce qu’elle représentait la future récolte, la chance de survie pour la prochaine année. Ils étaient ainsi économes, ils semaient les graines avec parcimonie, ils les mélangeaient avec du sable pour les épandre avec une meilleure uniformité et optimiser le rendement.
En revanche, le semeur dont parle Jésus se comporte d’une façon étrange: il laisse tomber la semence partout, le long de la route, dans les pierriers et les haies épineuses. Seule une petite partie tombe sur la bonne terre! Un comportement anormal et apparemment absurde: personne d’entre nous n’aurait gaspillé la semence d’une telle manière.
En réalité, si nous considérons la qualité du sol de la Palestine ancienne, réfractaire et peu fertile, ce procédé-là était bien habituel. Les champs se confondaient avec les surfaces désolées et arides, il n’y avait pas de vrais chemins. Les champs étaient coupés par des pistes saisonnières traversées par les hommes et les animaux. Il fallait semer d’abord, puis gratter le sol, en cherchant à arranger le terrain, en écartant les cailloux et en recouvrant les grains dans les espaces moins caillouteux. En travaillant avec la charrue, sous une mince couche de terrain, il pouvait y avoir du rocher qui refaisait surface: cela explique pourquoi des grains restent à la surface et sont brûlés par le soleil. L’ancien paysan palestinien le savait bien: avec ce type de terrain, la perte d’une partie de la semence était inévitable. Sa stratégie, adaptée à ce type de sol, gagnera: la récolte sera abondante!
Mathieu, en présentant la parabole de Jésus, pensait à la diffusion du Royaume de Dieu, aux difficultés et aux échecs de la prédication primitive, et à la déception que cela impliquait. Mais il n’était pas question de perdre courage: l’évangélisation ressemble à un ensemencement! Il y a une Parole, un Dieu au travail, un divin semeur si fou qu’il gaspille sa grâce, qui répand sa semence comme du pollen au printemps.
La parabole suggère qu’un échec éventuel de la prédication ne s’explique pas à cause de la Parole, qui est bien présente, mais par le terrain qu’elle trouve. De même, la force du Royaume demeure à travers son échec apparent. Les lieux peuvent se présenter comme plus ou moins arides ou prometteurs, l’important est que le travail ne cesse pas, et qu’on aille semer quand-même. La future récolte compensera la perte actuelle. L’approche de l’ancien paysan palestinien, qui s’adapte à ce type de sol, est bien efficace: malgré les difficultés, là où le grain a pris racine, la récolte est abondante!
Nous qui collaborons à ce travail, nous ne devons pas nous laisser décourager par la proportion des pertes, mais avoir confiance en l’incontestable puissance du grain, et continuer la tâche. L’important est que la semence soit bonne et que l’ouvrier fasse son travail. Dans un monde qui vise de grands rendements avec un minimum d’efforts, Jésus nous confie un grain qui engage le maximum d’effort sans devoir s’inquiéter pour le résultat. C’est la seule façon de nous acquitter de notre mission historique, pour que le Royaume puisse libérer la gloire qui sera.
Amen
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