La Sainte Famille - Année A - (Mt 2, 13-15.19-23)                                                                 Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes

par André De Vico, prêtre                                                           

correction française : Nicolas Donzé, toxicologue;

Anne Mayoraz, éducatrice

      “Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr”  

      La famille peut représenter bien des choses: un nid, un refuge émotionnel, une synthèse des valeurs humaines. Parfois, la famille est idéalisée, sacralisée, profanée; d’autres fois, on la confond avec l’entreprise familiale, l’histoire, le patrimoine, les biens accumulés au fil du temps. Qu’est-ce qu’une famille en fait? Quelle est sa tâche essentielle? Aujourd’hui nous voyons la Sainte Famille en situation d’urgence. Après une phase de discernement, armé de son courage, Joseph a pris la seule décision possible: fuir en Egypte. Cette fuite est un acte d’humilité et de résistance: en reconnaissant son impuissance, Joseph ne s’est pas incliné devant le mal imminent, mais il s’est enfui comme on peut fuir les tentations. Cette décision a assuré l’avenir de l’enfant et de sa mère.

      L’essence de la famille consiste précisément en cela: donner la protection et transmettre la confiance. Un nouveau-né est accueilli dans l’affection, il apprend à marcher, à faire confiance. Soutenu par les bras d’un adulte, il apprend une double confiance: envers ceux qui le soutiennent et envers la terre, qui lui offre un appui en cas de chute. La confiance est quelque chose d’extraordinaire: la personne est libérée de ses peurs, ou au moins elle apprend à les gérer. L’homme est né nu et avec la peur d’être abandonné, d’être laissé seul ... il a peur du mauvais temps, de ne pas être à la hauteur, il a peur des regards indiscrets, peur de ne pas plaire, de vieillir ... Une famille protège contre tout cela!

      Les bonnes habitudes naissent en famille. Chaque maison a ses propres règles qui lui permettent de fonctionner au mieux, sinon c’est le chaos. Ceux qui disent éco-nomie disent règles de la maison, ici on fait comme ça. Un bon économe est celui qui a le sens de la maison, il fait de la maison sa règle, son critère, il en ressent la responsabilité. C’est une chose élémentaire, merveilleuse: quand il y a une règle, la famille est intériorisée et accompagne la personne pour le reste de sa vie. Les bonnes habitudes permettent à la personne de se sentir chez elle, même lorsqu’elle est en dehors. Si elle est bien à la maison, elle le sera aussi à la paroisse, dans un groupe ou au cœur d’une entreprise. Si elle est sobre et chaste à la maison, elle le sera également en dehors!

      La famille est le lieu où la personne prend conscience de sa valeur et de sa place dans le monde. Ce ne sont pas des sentiments qui surviennent d’eux-mêmes, spontanément: il faut quelqu’un qui estime la personne et qui lui montre ses possibilités. Un jeune qui se sent estimé, aura tendance à estimer à son tour les autres, et il ne succombera pas au dépaysement lorsqu’il part pour un travail ou des vacances. Une jeune personne qui se sent chez elle partout, porte en elle la consigne domestique: n’aie pas peur. Qu’elle étudie ou quelle s’amuse, qu’elle souffre ou qu’elle tombe amoureuse, qu’elle trouve du travail ou quelle le perde, le mot de passe sera toujours le même: n’aie pas peur, tu y parviendras. La crise économique n’est pas vraiment une crise économique, mais elle est souvent une crise de la confiance. Les marchés ne manquent pas de biens: la crise survient lorsque le bien humain le plus fondamental est perdu: la confiance entre les personnes. 

      Pour notre part vérifions cela: cette maison, cette communauté, cette paroisse, est-elle digne de confiance? Nous aide-t-elle à nous libérer de nos peurs? Augmente-t-elle l’estime des uns envers les autres, ou bien la suspicion et le mépris se développent-ils entre nous? Estimer une chose, estimer une personne, c’est être prêt à en payer le prix. Joseph a estimé sa famille, alors il a pris la bonne décision: tout laisser derrière et fuir!

      Amen