Année A - XXXIII Ordinaire (Mt 25, 14-30) Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes
par Andrea De Vico, prêtre
correction française: Nicolas Donzé, toxicologue;
Anne Mayoraz, éducatrice
"C’est comme un homme qui partait en voyage: il appela ses serviteurs et leur confia ses biens … Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes”
Nous sommes presque à la fin de l’année liturgique, et la réflexion se tourne vers les choses ultimes, vers le sens de la fin, et non seulement la fin du monde, mais ma fin personnelle: deux événements qui coïncident. Je ferme les yeux et le monde finit! C’est donc le bon moment pour collecter, pour résumer, pour conclure. Qu’est-ce que je récolte à chaque saison? Que dois-je faire avec mes dons, ma Foi, ma santé, mon intelligence, mon temps, mes amitiés? Le père Turoldo raconte avoir rencontré des personnes qui, à la fin de leur vie, faisaient un constat amer: Père, quelle vie, quelles erreurs ... Père, je me retrouve les mains vides ... Père, j’ai échoué …
Il y a un chanteur idolâtré par les jeunes d’antan qui sont devenus les adultes d’aujourd’hui: Je veux donner un sens à cette soirée / Même si cette soirée n’a pas de sens / Je veux trouver un sens à cette vie / Bien que cette vie n’ait pas de sens …” et ainsi de suite, la litanie du non-sens: cette histoire n’a pas de sens, ce désir n’a pas de sens, cette situation n’a pas de sens ... Alors, savez-vous ce que je pense? / Demain arrivera quand-même!” Comme l’a dit l’inoubliable Rossella O’Hara à la fin de "Autant en emporte le vent”: "Demain est un autre jour”.
Bah. Si ce soir je livre ce jour au désespoir du non-sens, demain mon choix se répètera inexorablement, et ce ne sera jamais le jour de ma libération. Si, d’un autre côté, je me laisse envoûter par l’enchantement de cette journée qui vient de passer, alors il y aura un sens aussi pour demain. Mais ce doit être maintenant, et non demain, que quelque chose doit se passer en moi, sinon je risque d’enfouir mon talent dans le vide du non-sens: cette fosse, cette absurdité, cette absence, ce cercueil …
Pauvre de moi si je laisse tomber mon talent à l’université, en évitant de donner une preuve sérieuse et définitive de moi même. Pauvre de moi, si j’amène une femme chez moi, sans vraiment me décider à prendre soin d’elle et des enfants qui pourraient venir. Gare à moi, si j’arrive à bout de souffle pour conquérir ce qui n’est pas vraiment nécessaire, dans l’illusion de faire des choses grandioses. J’arriverai à la fin de mes jours sans même avoir le temps de chercher le sens de la vie, et je devrai en présenter le compte-rendu.
Si je ne cultive pas mon talent, si modeste soit-il, je deviens quelqu’un d’irresponsable qui remplit ses jours de choses éphémères, sans direction, sans signification, in-sensées en fait, des choses qui mortifient la vie de l’intériorité. Si, en revanche, je me laisse interpeler par l’Esprit, et j’apprends à faire mes comptes tous les jours, je deviens respons-able au vrai sens du terme: j’aurai la capacité de répondre aux problèmes, au manque de sens, donc au jugement qui impliquera le terme de ma vie.
Bref, je peux décider de l’échanger, ce talent, ou non. Celui des cinq talents en a gagné cinq autres, celui des deux talents les a doublés, mais le troisième n’a rien entrepris, il avait peur de son maître et il est resté dehors, comme les filles insouciantes de dimanche dernier …
Encore une fois, Jésus parle du royaume de Dieu comme d’un talent à faire fructifier, comme il l’a fait dans la parabole de la grande cène, de la vigne infructueuse, des enfants différents et du bon maître, si bon qu’il donne à chacun le même salaire: le Royaume!
Amen
Astuce : Et une fois que tu as trouvé la page qui contient cette info, utilise la commande de ton clavier ctrl+F afin de faire une recherche sur la page.