Année A - XXXII Ordinaire (Mt 25, 1-13) Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes
par Andrea De Vico, prêtre
correction française: Nicolas Donzé, toxicologue;
Anne Mayoraz, éducatrice
“Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure”
En Palestine, depuis l’époque de Jésus, la fête de mariage culmine à la tombée de la nuit, avec le marié entrant dans la maison paternelle, pour le banquet final. La mariée est conduite par un cortège de filles vers la nouvelle maison, tandis que le marié s’attarde avec les proches de la mariée, pour conclure le contrat. En Orient, les discussions sont longues. Commencer à discuter le montant de la dot est un moyen d’enrichir l’offre. Parfois, la négociation se prolonge tout au long de la soirée, et comme dans le cas décrit par Jésus, le contrat est clôturé avant minuit.
Entre-temps, les filles se sont endormies et l’huile qui devait être utilisée pour le cortège du marié a été consommée. Celles qui sont prévoyantes ont une réserve, et les autres, insouciantes, s’en vont pour en acheter plus; mais quand elles reviennent, c’est trop tard: le cortège est déjà passé, la fête continue derrière des portes closes, le marié est irrité par ce retard et les renvoie: “Je ne vous connais pas!”
La parabole souligne la soudaineté du retour du marié, comme dans d’autres paraboles qui parlent par exemple d’un maître qui revient tard d’un voyage. Malheur à quiconque n’est pas à sa place à ce moment, car il risque d’être pris au dépourvu! Au moyen de ces paraboles, Jésus dit que la crise est à nos portes, le Royaume des Cieux est proche, il est temps de décider, de choisir, de prendre position. Le mot crise signifie: choix, discernement, jugement. L’histoire humaine, tant au niveau personnel que communautaire, va à la rencontre d’un jugement. La vraie crise n’est pas la crise économique, mais celle qui répond à une question plus profonde: que vais-je devenir? Quel sera mon futur? Vais-je finir comme ces filles idiotes? Alors il sera trop tard, il ne sera plus possible de revenir en arrière, le Royaume sera définitivement fermé, qui est dedans est dedans, et qui est dehors est dehors.
Pour l’Église primitive, l’Epoux est le Christ, les invités sont la communauté qui attendent sa venue à minuit, c’est à dire la parousie ou adventus, son retour à la fin des temps. Tout cela peut être renvoyé à notre personne. Il y a la mort, un jour elle viendra, il faut que j’y pense à l’avance, il faut que je me prépare, si je ne veux pas prendre le même risque que ces filles insouciantes: être exclu du Royaume!
Les gens ont moins peur de la mort elle-même que de la solitude qu’elle entraîne. On dit que l’homme naît seul et meurt seul. Il est vrai qu’il y a la sage-femme, des infirmières et des assistants, mais l’acte de naissance et celui de la mort sont des événements extraordinairement uniques et personnels. Lorsque le chrétien est prévoyant, la Foi efface la peur. Au cri: “Voici l’époux! Sortez à sa rencontre!” les insouciants paniquent car ils sont à court d’huile, tandis que les prévoyants rangent et profitent des gloires du cortège de mariage. Il est bon de savoir que cette vie se termine par une rencontre, que ce rideau s’ouvre sur une nouvelle présence! Le chrétien sait que “Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons” (2 Tim 2, 11)
L’euthanasie, ça doit faire peur! Si certaines lois passent - elles sont déjà passées - la confiance des malades envers le monde des bien portants disparaîtra: le jour où un vieillard sera conduit à l’hôpital, il aura toujours un doute: veulent-ils me guérir ou veulent-ils me donner le congé de ce monde? La mort scientifique, programmée sur commande, devient une affaire de marché, elle perd son caractère sacré, elle est profanée dans sa pauvreté et sa singularité. Pour un chrétien, l’euthanasie est une mort sans le Christ, sans Pâques, sans résurrection. Le choix est, soit la parousie, soit l’euthanasie.
Pour un chrétien, le véritable remède contre la mort n’est pas de la planifier, mais de l’associer à la mort du Christ dans sa victoire. La mort n’est qu’un passage, un pont de soupirs pour accéder à la vraie vie. Dans la vie de François d’Assise, la mort devient sœur! Ces dispositions ne s’improvisent pas: il faut se préparer, regarder, prier, rajouter l’huile de la Foi!
Amen
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