Année ABC - Samedi Saint Réflexion sur l’Évangile du dimanche et des Fêtes
par Andrea De Vico, prêtre correction française: Nicolas Donzé, toxicologue
“Ô nuit où le Christ, brisant les liens de la mort, s’est relevé victorieux des enfers!” (du Missel Romain, Exultet)
0) Monition initiale
Samedi saint, le Christ est sous la terre, tout est silencieux, le seul jour de l’année où la Liturgie est silencieuse, dans toutes les Églises du monde il n’y a pas d’acte liturgique, un grand silence théologique s’impose. Dans la cellule la plus profonde du Royaume des morts, lieu souterrain, à cet endroit que les anciens appelaient Shéol, Hadès, Inferos, il y a le Premier Homme, Adam, qui attend l’événement. Avec la Lucernaire, nous fixons notre attention sur cette lumière: c’est la lumière du Christ qui se révèle dans l’Hadès, le lieu obscur par excellence: A- (v) id = je ne vois pas, je suis dans un lieu dépourvu de vision.
1) Monition à la première lecture: Gen 1, 26-31
L’acte créateur de Dieu est une Pâques de création: les choses qui passent du non-être à l’être, d’une condition de non-existence à l’existence. La création du monde prépare la création de l’homme. Mais le péché d’Adam a introduit une profonde distorsion par rapport à la création, par laquelle la terre elle-même de Mère est devenue le Sépulcre des êtres humains.
2) Monition à la deuxième lecture: Gen 22, 1-18
Dieu choisit Abraham pour étendre sa bénédiction à tous les peuples de la terre. C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que Dieu réalise un pacte avec un homme, se présentant comme le seul Dieu. Dieu se montre comme celui qui ne veut pas du tout des sacrifices humains, mais l’obéissance de la foi! Depuis Abraham, le prix du sang ne compte plus, mais la foi. Mais les hommes ont mis quelque millénaire à le comprendre …
3) Monition à la troisième lecture: Ex 14, 15 - 15,1
Avec Moïse, le peuple d’Israël passe les eaux de la mer et quitte l’Égypte, en direction de la terre promise. C’est une Pâques de libération. L’idée de liberté est toujours liée à l’attente d’une terre que seul Dieu peut donner, pour vivre dans la paix et la prospérité.
4) Monition à la quatrième lecture: Is 54, 5-14
Après le déluge, Dieu a juré de ne plus jamais secouer la terre pour la corruption du cœur humain. Il veut que la terre devienne un jardin, que ses enfants héritent de la prospérité de leurs pères, que les villes soient construites avec des matériaux précieux extraits des entrailles de la terre. Le processus de la technologie est légitimé.
5) Monition à la cinquième lecture : Is 55, 1-11
Dieu assure que, tout comme la terre ne manquera jamais d’eau qui irrigue les sillons, il en va de même pour les hommes: il y aura toujours un mot qui fructifiera et produira une véritable humanité.
6) Monition à la sixième lecture: Bar 3, 9-15. 32, 4,4
Suivre des chemins contraires à ceux de Dieu et écrire une loi différente de la sienne, c’est affronter une mort certaine, c’est comme retourner aux enfers.
7) Monition à la septième lecture: Ez 36, 16.17a 18-29
Quand l’homme commence à vivre et à prospérer dans la terre promise, il oublie facilement Dieu et suit les idoles de son cœur, jusqu’à ce qu’il devienne comme eux, de bois, de pierre, sans vie. Encore une fois, Dieu, par la prédication prophétique, promet une nouvelle Pâques, cette fois de type psychologique: il changera le cœur de pierre en cœur de chair, le libérera de sa lourdeur, le remplira de son esprit.
8) Monition à l’Épître: Rom 6, 3-11
Paul découvre une relation profonde entre les deux figures du Premier Adam et du Dernier Adam, Jésus-Christ, unies par la condition humaine, mais aussi opposés: “Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie” (1Cor 15, 21-22). Les deux sont le principe de la solidarité universelle: dans la mort l’un, dans la vie l’autre.
9) Brève homélie à l’Évangile: Mc 16, 1-7
Pour Adam, le temps du sépulcre peut sembler long, mais aux yeux de Dieu, la descente du Rédempteur dans le royaume des morts est proche. Nous aussi, en annulant nos paramètres temporels dans la célébration de ces événements, pouvons dire que tout cela se passe sous nos yeux. Peu importe où et quand cela s’est produit, car tout cela se répète en nous, ici et maintenant, sacramentellement, parce que nous sommes faits de terre, de la même pâte qu’Adam. En fait, la Liturgie parle dans le présent de choses qui se sont déjà produites dans le Christ, mais qui ne se sont pas encore produites en nous.
Adam ne doit rien faire d’autre que de patienter avec confiance, en attendant sa justification. Je dois donc aussi être patient, accepter l’expérience de la mort et le passage du sépulcre. Je le ferai avec le Christ, ou plutôt: c’est Lui qui le fera avec moi, il l’a déjà fait. Si le temps physique paraît lent et inexorable, pour le temps théologique c’est une bagatelle: ma Résurrection est maintenant!
“Jésus Sauveur, dans le profond silence de la terre que je suis, j’attends, moi aussi, ma libération. Cela semble une éternité, mais pour la foi que j’ai envers toi, c’est comme si c’était déjà fait!”
Amen
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